Rue des entrepreneurs

« Il y a des tas de métiers, il faut y aller ! Hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue et je vous en trouve ». C’est en substance la réponse que le président de la République a donnée à un jeune homme qui se plaignait de ne pas trouver d’emploi dans sa branche, l’horticulture.

En 2016, alors qu’il était ministre de l’économie, interpellé par des opposants à la loi travail à Lunel, lors d’un échange très tendu avec des syndicalistes il s’était emporté et avait déclaré «Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler».

Mais que connaît-il du travail, du chômage, celui qui a été élevé au biberon de la finance chez Rothschild avec un revenu annuel de 400.000 euros ?

Macron qui a été élevé en se berçant au son de la voix de l’émission de France Inter « Rue des entrepreneurs » qui présentait jadis l’actualité économique et celle du monde des entreprises, celle du management et de l’excellence, se complait dans cette rue et c’est celle-ci qu’il invite le jeune horticulteur à traverser. En fait de rue c’est plutôt une impasse proposée aux ambitions de la jeunesse.

Selon le chef de l’État, débusquer un job serait d’une simplicité enfantine. Et ceux qui n’y arrivent pas de mauvaise foi, nourrissant ainsi l’idée « Ah ces jeunes ils refusent de travailler ». Les statistiques sont pourtant têtues : plus de 6 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi, mais sur le site de l’opérateur public, seules 650 000 offres sont disponibles. Et parmi ce modeste volume d’emplois, tous sont loin d’être légaux. Si Pôle emploi estimait en 2017 que 9,3 % des offres étaient non conformes, une étude de la CGT chômeurs basée sur 1 708 annonces analysées le 30 et le 31 août avance le chiffre renversant de 50,17 % d’offres réputées illégales.

A l’heure où une nouvelle négociation va s’engager sur l’assurance chômage, il est nécessaire de préparer les esprits pour justifier des mesures qui conduiront à dégraisser les chiffres du chômage afin de masquer leur réalité grandissante.

Simplification des procédures de licenciement abondamment utilisée par les patrons, chômeurs sanctionnés. L’Elysée réside désormais rue des entrepreneurs.

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